C'est au moment très précis où la dame prononça cette fameuse sentence "Bréauté-Beuzeville, 3 minutes d'arrêt" que j'ai su que j'avais atteint le point de non-retour, que j'y allais tout droit.
J’avais passé les deux derniers jours un peu muet, un peu flippé, à faire des hugs et dire au revoir à des endroits et des gens devenus familiers, à essayer de me mettre en situation mentale de «rentrage», sans grand succès.
Je me contentai donc de suivre un plan simple, robotique: porter des sacs, les récupérer, changer d’avion, de pays, de train.
Arrivé au terminus, me suis dit que j’allais enregistrer un p’tite carte postale musicale ici, parce que «quand même, merde». Et puis chaque phrase de cette chanson ne m’avait jamais autant parlé.
Le premier truc agréable, c’est que les gens usaient, même si avec un accent prononcé, d’une langue que je comprenais parfaitement, sauf pour les 3 rougeauds à l’articulation douteuse, super gentils et humains mais complètement arrachés, qui m’accueillirent à base de «Heyyyy garçon, c’est une guitare qu’t’as là, vas y joue nous un truc, whodé».
Force est d’avouer que j’étais pas prêt, que j’avais besoin d’un temps d’acclimatation, ce qui s’est avéré certain lorsque j’ai voulu parler au chef de gare en anglais.
J’ai donc commencé à remonter le cours de la République et une première surprise, de taille, m’attendait: on était le 2 Octobre et le temps était superbe. Je m’étais pourtant préparé, la veste à portée de main et j’avais même imaginé ce futur statut Facebook totalement génial et original du genre «Fait froid, hein?» ou sa variante supérieure et adaptée «Fait rien froid, dé». Mais là j’étais comme un couillon. Le Havre m’avait dunké, d’entrée.
Je remontais le cours et je flottais.
Et même si chargé comme un bourricot, la gueule boursouflée par 15 heures de climatisation aérienne, incapable de savoir à quel point j’étais ridicule en bermudas/shoes de rando/t-shirt de tarlooze/chapeau balinais ni à quel moment j’allais me faire attaquer et découvrir que mes nouvelles compétences en Yoga et méditation ne me serviraient point (pause), j’entendais un coup de cloche léger et amical et prenais plaisir à m’arrêter pour voir ce train silencieux passer, glisser, tramwayer. C’était tout tranquille et d’autant plus agréable que dans mes derniers souvenirs havrais, c’était zone de guerre dans ce coin là.
Je venais de passer une année entière en Asie et me rendais compte à quel point j’avais été dans le bordel, le bruit constant, consciemment ou pas. J’avais aussi adoré ça. Mais là Le Havre, ma base, me proposait un accueil inattendu, amplifiant ce sentiment d’être un étranger n’ayant jamais été autant à la maison.
Alors j’ai ouvert la porte, posé le kit maison portative sur le sol, contemplé cet appartement que je connaissais par coeur, ouvert la fenêtre et mis «Reflektor» à fond, histoire de saluer les voisins.
Et les premiers messages des amis ont commencé à poindre, à base de propositions simples, alléchantes et impossibles à refuser: pinard, sauciflard, camembert, pain avec des graines dedans et «Samedi, y’a Dick Voodoo au Tetris».
J’étais totalement décalé, décalqué, surexcité et au bout de deux verres, légèrement pompet.
Mais surtout, après les appréhensions des derniers jours, réconforté.
Comme à la maison quoi, la vraie.
J’avais passé les deux derniers jours un peu muet, un peu flippé, à faire des hugs et dire au revoir à des endroits et des gens devenus familiers, à essayer de me mettre en situation mentale de «rentrage», sans grand succès.
Je me contentai donc de suivre un plan simple, robotique: porter des sacs, les récupérer, changer d’avion, de pays, de train.
Arrivé au terminus, me suis dit que j’allais enregistrer un p’tite carte postale musicale ici, parce que «quand même, merde». Et puis chaque phrase de cette chanson ne m’avait jamais autant parlé.
Le premier truc agréable, c’est que les gens usaient, même si avec un accent prononcé, d’une langue que je comprenais parfaitement, sauf pour les 3 rougeauds à l’articulation douteuse, super gentils et humains mais complètement arrachés, qui m’accueillirent à base de «Heyyyy garçon, c’est une guitare qu’t’as là, vas y joue nous un truc, whodé».
Force est d’avouer que j’étais pas prêt, que j’avais besoin d’un temps d’acclimatation, ce qui s’est avéré certain lorsque j’ai voulu parler au chef de gare en anglais.
J’ai donc commencé à remonter le cours de la République et une première surprise, de taille, m’attendait: on était le 2 Octobre et le temps était superbe. Je m’étais pourtant préparé, la veste à portée de main et j’avais même imaginé ce futur statut Facebook totalement génial et original du genre «Fait froid, hein?» ou sa variante supérieure et adaptée «Fait rien froid, dé». Mais là j’étais comme un couillon. Le Havre m’avait dunké, d’entrée.
Je remontais le cours et je flottais.
Et même si chargé comme un bourricot, la gueule boursouflée par 15 heures de climatisation aérienne, incapable de savoir à quel point j’étais ridicule en bermudas/shoes de rando/t-shirt de tarlooze/chapeau balinais ni à quel moment j’allais me faire attaquer et découvrir que mes nouvelles compétences en Yoga et méditation ne me serviraient point (pause), j’entendais un coup de cloche léger et amical et prenais plaisir à m’arrêter pour voir ce train silencieux passer, glisser, tramwayer. C’était tout tranquille et d’autant plus agréable que dans mes derniers souvenirs havrais, c’était zone de guerre dans ce coin là.
Je venais de passer une année entière en Asie et me rendais compte à quel point j’avais été dans le bordel, le bruit constant, consciemment ou pas. J’avais aussi adoré ça. Mais là Le Havre, ma base, me proposait un accueil inattendu, amplifiant ce sentiment d’être un étranger n’ayant jamais été autant à la maison.
Alors j’ai ouvert la porte, posé le kit maison portative sur le sol, contemplé cet appartement que je connaissais par coeur, ouvert la fenêtre et mis «Reflektor» à fond, histoire de saluer les voisins.
Et les premiers messages des amis ont commencé à poindre, à base de propositions simples, alléchantes et impossibles à refuser: pinard, sauciflard, camembert, pain avec des graines dedans et «Samedi, y’a Dick Voodoo au Tetris».
J’étais totalement décalé, décalqué, surexcité et au bout de deux verres, légèrement pompet.
Mais surtout, après les appréhensions des derniers jours, réconforté.
Comme à la maison quoi, la vraie.
Tiens, y pleut...I Love LH.