-Ne pas savoir par où commencer.
-Avoir découvert un pays jaune et endormi...le voir s’ouvrir, se couvrir de vert un peu plus chaque jour, à une vitesse folle...se dire que ce serait frustrant de partir maintenant...et de toute façon, cette île est un aimant.
-Il y a longtemps, dans un jardin à Dalvik, s’endormir dans un hot tub, ouvrir les yeux à 4h du mat’ et il fait jour...première expérience, un peu flippante, ne pas savoir si tu dois aller courir ou dormir...ne pas avoir vu une nuit noire depuis deux mois...épuisant, déboussolant, génial...lui dire en souriant: «I think I’m gonna go back to France for two days, just to sleep»...«maintenant qu’il fait tout le temps jour sur toi».
-Avoir prévu de passer 3/4 jours sur la côte Est, y être depuis qu’Hollande est devenu président...ne pas avoir vraiment réentendu parler de lui depuis.
-Passer 3 jours à Seyðisfjörður, 700 habitants, mix parfait de nature, de culture, de liberté...des résidences d’artistes, des friches, ces montagnes, ce bar/centre culturel nommé Skaftfell, pur endroit...regarder les dauphins s’amuser dans le fjord, juste là...un ferry peut t’emmener au Danemark tous les mercredis, traversée de trois jours...être invité à se baigner dans le fjord, aimer les nouvelles expériences, sauf que l’eau est à 2,5 degrés et que t’es légèrement traumatisé quand même...«I really appreciate this half degree»...tomber amoureux d’un endroit comme on tombe amoureux d’une personne.
http://www.visitseydisfjordur.com/
http://skaftfell.is/en/
http://lunga.is/
-Sur la route de montagne qui mène à la ferme de Vallanes, penser que ce serait chouette d’ouvrir une salle de concerts ici, même que ça pourrait s’appeler «Le Cabaret Electric»...pas de nostalgie puante, mais une sorte d’hommage à un lieu, à une ville, à quelques personnes, un état d’esprit...bon pis juste le nom il est bien, pis surement que les islandais, ça les intriguerait comme nom.
-Il y a longtemps, être sur cette île du cercle polaire, Grimsey, lire un article sur un projet qui semble bien intéressant: une ferme organique à L’Est, nommée «Mother Earth», futur éco-village, qui accueille des volontaires, en échange d’un lit et de miam, dans la plus pure tradition Wwoofing.
http://www.vallanes.net/index.php?option=com_content&view=article&id=100&Itemid=72
-Etre le bienvenu et passer 2 semaines dans cette ferme, à planter, arroser, mixer de la terre, faire du pain, construire une serre, etc...vivre et bosser avec une dizaine de personnes du monde entier, faire partie d’une «communauté» après deux mois en solo, cuisiner, cleaner pour chacun, être dans une sorte de «Loft-story» organique, avec ses histoires, ses caractères, mais sans caméras ni piscine...bloquer devant cette montagne matin et soir...se dire que tu pourrais passer une année entière là, voir les différentes saisons, avoir une vie simple, un rythme, pour une fois...aller enregistrer un peu chaque soir dans cette église ou t’as goûté à un orgue à pompe, à une séance de Reiki, à un concert...Citizens of the world.
-il y a deux semaines, louer une voiture pour 10 jours, avec deux Wwoofers, pour parcourir la côte jusqu’à Husavik, seule zone du «ring» qu’il te reste à découvrir...faire la belle erreur de repasser par Seyðisfjörður...après une journée, trouver les mots pour expliquer à ces deux compagnons de route que, sans trop savoir pourquoi, tu dois rester là...comme depuis le début, suivre un instinct...aussi, besoin d’une pause après avoir bourlingué si longtemps, réfléchir (un peu) et ressentir (beaucoup), laisser venir ce que doit être la suite.
-Tomber sur Philippe, un français tout chouette exilé depuis 6 ans en Islande et que t’as rencontré au début du voyage à un concert d’Olof Arnalds...ce pays est un village...il bosse jusqu’en octobre à Skaftfell...propose de t’héberger...5 bébés canards dans la baignoire, les nourrir tout en leur chantant une connerie de temps en temps, participer à la construction d’un poulailler...Philippe est, entre autres, un ami de Björk: «tiens, je sais qu’elle est revenue à Reykjavik jusqu’au 10 juin, vais lui envoyer un mail pour lui proposer de passer quelques jours ici»...«bah ouais, au point où j’en suis...j’lui ferai des crêpes, pis p’tet elle peut nous aider pour la maison des poules»...trembler légèrement, à l’intérieur.
-Sympathiser avec Konrad Korabiewski, un musicien electro/expérimental bien intéressant, ami de Schneider TM...il doit partir en tournée en Europe pour un mois, te propose de garder sa maison, magnifique et simple, au bord de la rivière...oublier de refuser.
http://konradkorabiewski.blog.com/
-Dans cette nouvelle maison, devant cette vue sur la rivière, trier des heures de plans, de demies chansons, juste s’y remettre.
-Etre embauché par Skaftfell pour faire le ménage pendant deux heures chaque matin, en échange de miam...commencer tout en bas de l’échelle, mais évidemment accepter avec plaisir, pour vivre ça de l’intérieur, faire partie d’un truc, se dire que ça portera ses fruits...«The french cleaner»...ils te proposent aussi de chanter chaque mercredi pour les gens qui prennent le ferry...essayer de bosser des morceaux un peu plus rigolos que «Suzanne» ou «How to disappear», sinon ils vont tous se foutre à la flotte...mais, en fait, «Hit me baby one more time», c’est pas rigolo non plus.
-Chaque jour, rencontrer des gens passionnants, qui t’offrent tant, des personnalités si fortes...comprendre petit à petit les liens entre eux, leur histoire, pourquoi ils ont atterri là...avoir l’impression d’être dans Twin Peaks, que cet endroit n’existe pas vraiment, que cette montagne est juste un décor de ciné, que t’es dans la matrice, avec plaisir...et tout s’enchaîne...n’est qu’une suite de signes, petits ou grands...les accueillir amicalement, avec le sourire...«I see signs everywhere, every move’s already written».
-Etre avec tous ces gens et tu captes rien à ce qu’ils racontent, c’est fascinant et tu bloques...bien frustrant aussi...télécharger des vidéos/tutoriels pour apprendre l’islandais, lâcher l’affaire au bout de 10 minutes.
-Plusieurs fois par jour, juste s’allonger dans l’herbe, écouter l’eau, le vent, les cascades...suivre le trajet des oiseaux, des enfants qui passent...ne penser à rien...et à tout....prendre le temps, déguster, pour contrebalancer cette vie qui fonce...ne pas être dans une contemplation naïve ou stupide, mais dans un truc si solide, dans le ventre, partout...simplement naturel...continuer à remercier ce pays, ces paysages si jeunes, si vivants...cette énergie bienveillante...I belong here.
-Ressentir que c’est à nouveau ouvert du côté gauche...«The heart is on»...surprise.
-Réaliser qu’en une seule journée, t’as une maison, un boulot...et elle...ne plus trouver le nom des pâtes qui te bordent le cul.
-Trouver le prochain tatouage: http://img39.imageshack.us/img39/8384/snv35367.jpg
-Avoir le cerveau paumé entre 3 languages...parfois, se mettre à parler français sans s’en rendre compte...ils te regardent avec des grands yeux et se marrent.
-Avoir 25 cartes postales en attente, penser qu’écrire «...» au dos de chacune résumerait plutôt bien la situation.
-Lui montrer une vidéo de ta tronche, réalisée y’a juste trois mois par l’ami Yann Pothier et se prendre une drôle de claque, avoir l’impression de regarder quelqu’un d’autre, que même physiquement, quelque chose a changé (en dehors de la barbe), comme si un voyage, un pays, te façonnaient.
-Et tout cela n’est rien.
-Se dire que si quelqu’un est intéressé par un chouette appartement rue Jean-Jacques Rousseau (Rond-point), loyer 380€, on peut en discuter.
-C’est comme si c’était le bonheur, c’est comme si c’était tout le temps...et n’en avoir rien à foutre si tout cela devait s’arrêter demain, donc nickel...juste le vivre, laisser aller et contrôler...au jour le jour...tout est possible, ouvert et tellement logique...une seule certitude: plus rien ne sera comme avant.
-Se réveiller, ce matin, dans ce pays, dans cette maison et avoir 36 ans... se dire, il y a encore deux semaines, que cet anniversaire serait la date limite du voyage, puisqu’il en faut une, que tu le fêteras avec les amis, au Havre, chez toi...apparemment, nei.
-Etre submergé par tout ça, journée bilan, voir tant de visages défiler, de situations, Tokyo/overtones, craquer par obligation, toute la matinée...en baver pendant des heures pour écrire ce statut maladroit, vu qu’en fait, je ne trouve plus les mots...n’avoir aucun recul, mais toujours cette envie de raconter une histoire, de vous embarquer un peu, ceux qui veulent...s’en foutre de la pudeur, du ridicule, besoin aussi de se libérer de tous ces mots pour continuer demain...et ceux qui veulent aussi, je vous embrasse.+++
merçi pour ce très beau texte
RépondreSupprimerj'ai vu la maison c'est chouette, c'est une maison qui vit, un peu de vêtements à droite à gauche, mais plein de plantes sur les bords de fenêtre et dehors que de verdure çà change des paysages lunaires de cet hiver ,c'est vraiment le réveil de la nature ,il aurait été dommage de rater çà le reste de l'année celà doit-être tellement différent encore
RépondreSupprimerTE VOILA ENFIN VIEILLE BRANCHE !!!
RépondreSupprimerJ AI EU DU MAL A TROUVER MOYEN DE COMMUNIQUER AVEC TOI.
BON BEN BON ANNIVERSAIRE EN RETARD QUOIQUE MESSAGES LAISSES SUR LE PORTABLE !
APPAREMMENT TU VAS BIEN ET CA SUFFIT A MA TRANQUILLITÉ. PROCHAINE FOIS QUAND TU PARS TU PREVIENS ET TU FERMES LA PORTE CAR DEPUIS GROS COURANT D AIR ET METEO PAS TOP...
BON TRIP MON NOUNOURS ET A BIENTÔT
DLF
merci mon copain pour ces mots
Supprimeren effet, suis en vadrouille depuis bientôt 4 mois, intense/simple/whaoo
j'en profite aussi pour te souhaiter un bon gros birzday en retard!
à tout vite, où que ce soit et je t'embrasse fort
+++
Lô
mon mail, hésite pas: thealphachild@gmail.com